Avril 1960 - Sans titre

Y a-t-il quelque chose de plus agaçant
Qu’un insecte vire-voltant ?
Assis et lisant, vous êtes là
Bien repu, bien fumant.
Cet animal énervant,
Ne voulant qu’un peu de sang,
Attend dans l’ombre bien sagement.
Oubliant qu’il vous attend,
Vous retournez à votre roman.
C’est alors qu’il choisit le temps
Pour vous piquer traitreusement.
Gavé mais non content
Car il a vu dans vot’ roman entre deux pages sa pauvre maman.
Va prévenir ses autres parents,
Le temps de l’dire ils sont en rang.
Et sans attendre le commandement,
Ils s’élancent en se dévouant
Sur vous et votre roman.
Majestueux et grandiloquent
Vous êtes superbe et méchant.
Mais que tout cela est fatiguant
Le monde moderne se défend.
Du DDT pour les belligérants !
Le calme revient, vous êtes content,
Vous reprenez votre roman.
C’est alors que le dernier des mohicans,
Sournois, vengeur, mais…galant
Vous baise la main en vous piquant.
Hélas le pauvre, il est mourant
Vous n’êtes pas un prince du sang !
Fatigué de tous ces mouvements
Vous vous couchâtes benoitement.
Hélas pour peu de temps,
Par tout le corps des picotements
Vous obligèrent d’aller de l’avant
Vinaigre, baumes, médicaments
Furent pour votre nuit durant
Votre seul… divertissement !